Abdelkrim AZENFAR: «La 3e conférence africaine des coopératives met en valeur la coopération sud-sud »
Abdelkrim AZENFAR: «La 3e conférence africaine des coopératives met en valeur la coopération sud-sud »

Abdelkrim AZENFAR: «La 3e conférence africaine des coopératives met en valeur la contribution du mouvement coopératif africain ».

Source agrimaroc.ma : http://www.agrimaroc.ma/conference-africaine-cooperatives

Le Maroc a abrité du 23 au 26 mai 2017, la 3e conférence africaine des coopératives sous le thème «Propulsion des coopératives en Afrique pour lutter contre la pauvreté ». Cette conférence a enregistré la participation de plusieurs dirigeants des coopératives africaines et internationales afin de débattre sur les problématiques de la pauvreté et des changements climatiques. AgriMaroc.ma a interviewé M. Abdelkrim AZENFAR, directeur de l’Office de Développement de la Coopération (l’ODCO).

AgriMaroc.ma : Quel est l’intérêt d’organiser la 3ème conférence africaine des coopératives au Maroc ?
Abdelkrim AZENFAR :
L’organisation de la 3ème conférence africaine des coopératives au Maroc s’inscrit dans le cadre de l’ouverture du Royaume du Maroc au développement de la coopération sud-sud notamment avec les autres pays africains. C’est une opportunité pour le mouvement coopératif marocain de mettre en exergue ses réalisations et sa disposition à partager son expérience et à l’enrichir par les expériences des autres pays surtout subsahariens.

Le fait que l’Alliance Coopérative Internationale, qui est l’organisation mondiale qui défend les principes coopératifs, ait opté d’organiser cette rencontre pour la première fois au Maroc est également une reconnaissance de la dynamique du mouvement coopératif marocain et du rôle que peut jouer ce mouvement pour le développement du travail coopératif au niveau régional (Afrique et Méditerranée).

AgriMaroc.ma : Quelle est  l’ambition de la 3ème conférence africaine des coopératives ?
Abdelkrim AZENFAR :
Le thème de la conférence est dédié au rôle des coopératives dans l’atteinte des objectifs mondiaux de développement durable notamment le premier objectif : zéro pauvreté. L’idée étant de sensibiliser aux objectifs de développement durable et à la manière dont les coopératives devraient les intégrer et travailler avec d’autres parties pour les réaliser.

 

L’intérêt est de rassembler des représentants des gouvernements, des scientifiques, des organisations internationales et des dirigeants des coopératives afin de :

  • Mettre en valeur la contribution du mouvement coopératif africain ;
  • Identifier les opportunités non encore exploitées pour le développement du mouvement coopératif africain avec une véritable contribution au développement local ;
  • Délibérer sur la manière dont on peut aborder le premier objectif mondial en repositionnant les coopératives en Afrique pour aborder les problèmes de changement climatique et profiter des partenariats stratégiques existants ;
  • Examiner les progrès réalisés depuis la dernière conférence ministérielle des coopératives en Afrique à Gaborone Botswana depuis 2015, qui a contribué à asseoir la stratégie de développement des coopératives de l’Afrique 2015-2020.

AgriMaroc.ma : Quels sont les participants du domaine agricole à ce congrès ?
Abdelkrim AZENFAR :
La conférence a connu la participation des représentants de 27 pays dont 19 africains (Maroc, Congo, Kenya, Botswana, Zimbabwe, Rwanda, Ethiopie, Lesotho, Swaziland, Tanzanie, Nigeria, Uganda, Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Guinée, Niger, Cameroun et Gambie) et 8 pays invités (Argentine, Royaume-Uni, Finlande, Suède, Bulgarie, Belgique, Japon).

La conférence a enregistré également la participation des Ministres et de personnalités étrangères.

La délégation marocaine a été composée des représentants des administrations, des établissements publics, des banques, des associations et des coopératives (agricole, artisanat, service, forêt…) venus de toutes les régions du Maroc (Laayoune, Dakhla, Souss Massa, Oriental, Nord, Rabat Salé Kenitra, Casablanca…).

Le secteur agricole a été fortement représenté à travers les coopératives africaines à dominance agricole ainsi que les administrations et les institutions d’accompagnement dont les banques. Du côté marocain, en plus de la participation de plusieurs coopératives agricoles, la conférence a été marquée par la présentation de la valorisation des produits agricoles de terroir par les coopératives, animée par l’Agence de Développement Agricole (ADA), les possibilités de financement des coopératives agricoles et du monde rurale par le Groupe Crédit Agricole du Maroc et la visite de projets coopératifs réussis (coopérative et marché solidaire dédiés à la commercialisation des produits des coopératives de la Fondation Mohammed V).

AgriMaroc.ma : Quels sont les atouts des coopératives agricoles marocaines ?
Abdelkrim AZENFAR :
Il est à mentionner que le secteur coopératif agricole marocain a connu une grande expansion ces dix dernières années grâce à l’impulsion donnée par le Plan Maroc Vert en 2008 et spécialement son second pilier qui concerne l’agriculture solidaire.

Un regard sur le tissu des coopératives agricoles au Maroc permet de constater une grande diversité des branches d’activité, à savoir les céréales et légumineuses, lait, maraichères, agrumes, oléicole, apicole, élevage, fruits et légumes…

AgriMaroc.ma : En quoi le Maroc joue un rôle modèle pour les autres pays du continent africain ?
Abdelkrim AZENFAR :
Plusieurs avancées sont enregistrées par les coopératives agricoles marocaines en termes de qualité de production, de positionnement sur les marchés nationaux et internationaux, de dynamisation et d’agrégation des efforts individuels des petits agriculteurs, de meilleure valorisation des filières agricoles et, par conséquent, de contribution au développement local.

La capitalisation sur ces réussites pour faire bénéficier les autres pays du continent africain fait l’objet d’importants axes de partenariat sud-sud. En effet, plusieurs modèles marocains se développent dans d’autres pays africains à travers les échanges d’expériences par la participation à des manifestations, foires, salons organisés au Maroc ou au niveau de ces pays, le renforcement des compétences, l’accompagnement au développement de projets coopératifs similaires dans ces pays…

AgriMaroc.ma : Comment les coopératives peuvent tirer profit de l’expérience des autres coopératives du monde ?
Abdelkrim AZENFAR :
Le développement du mouvement coopératif marocain est la résultante de plusieurs ingrédients : esprit de solidarité et d’entraide au sein de la société marocaine, diversité biologique avec plusieurs produits naturels endémiques spécifiques à des régions (argane au sud-ouest marocain, safran à Taznakhte…), savoir-faire local (artisanat…), dynamisme de la population locale et accompagnement de cette dynamique par plusieurs programmes gouvernementaux (INDH, Plan Maroc Vert, stratégie Artisanat…).

Cette dynamique du mouvement coopératif marocain est ouverte à son environnement notamment africain et méditerranéen. Des cas de réussite des coopératives marocaines sont exportés à l’étranger, tout comme plusieurs concepts et approches du travail coopératif développés dans d’autres pays sont importés pour enrichir l’expérience marocaine (concept de coopératives d’activités et d’emploi développé en Europe, concept d’accorderie développé au Québec…). Il en est de même pour les bonnes pratiques relatives à la gouvernance et l’innovation au sein du travail coopératif qui enrichissent et influencent positivement le travail des coopératives marocaines.

AgriMaroc.ma : Quelles sont les missions de constitution de la fédération des coopératives agricoles de l’alliance coopérative d’Afrique (AAFAC) ?
Abdelkrim AZENFAR :
L’opportunité de création de la fédération des coopératives agricoles de l’alliance coopérative d’Afrique (AAFAC) est justifiée par les impératifs de coordination et de complémentarité du travail des coopératives agricoles africaines. Le but est de contribuer à apporter les solutions aux défis majeurs du continent dont, notamment, la lutte contre la faim et la pauvreté.

Une étude justifiant et argumentant cette création a été réalisée par l’Alliance Coopérative d’Afrique avec l’appui de partenaires internationaux.

Les travaux de la pré-conférence africaine des coopératives (23 mai 2017) ont été dédiés à ce sujet pour approfondir le débat sur cette fédération, les préalables nationaux qui précéderont et les mécanismes de cette création.

Cette fédération aura plusieurs missions, dont celle de plaidoyer auprès des gouvernements et des autorités compétentes, pour soutenir le marché et renforcer les capacités, améliorer les échanges commerciaux entre les coopératives agricoles, développer les infrastructures, partager les expériences, l’information et les bonnes pratiques.

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